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La course à l’échalotte des avocats (Gazette du Palais, Tribune par F. Cassereau)
Article de Frédérique Cassereau (associée du cabinet Hoche Avocats et maître de conférences à Sciences Po Paris).
Naît-on avocat ou le devient-on ? Question plus ou moins philosophique s’il en est.
La réponse n’est sans doute pas fondamentale, même si elle a pu alimenter l’introspection de notre actuel garde des Sceaux à l’époque où il avait encore le temps d’y réfléchir. Elle mérite cependant d’être repensée à la lumière des révolutions numériques.
Ainsi, en 2021 naît-on ou devient-on avocat à l’aune du « ranking » ? On rappellera que cette pratique managériale d’origine américaine a pour vocation d’évaluer les collaborateurs pour « éliminer » les moins performants. Une sorte de discret « Léon le nettoyeur » avec un programme d’une efficacité redoutable, qui s’est exporté dans une Europe virtuelle qui ne connaît pas de frontières. Partout, on constate en effet qu’une augmentation ininterrompue des performances s’impose comme une règle d’airain et que le « ranking » est à nos entreprises ce que l’or était au dollar avec le système Bretton Woods.
On s’étonnera alors que cet instrument de mesure ait trouvé un écho aussi retentissant pour la promotion des cabinets d’avocats. On rétorquera que cette approche correspond à l’air du temps, qu’elle n’épargne aucun pan de l’économie, ni personne sur nos écrans tactiles. Pourquoi notre profession serait-elle exemptée de cette technique aussi éprouvée qu’éprouvante ?
Gazette du Palais – 11 mai 2021
